Article paru dans Figurines Magazine n°54 (Octobre/novembre 2003) et livré tel quel, correction orthographique fournie, certaines choses ou conseils sont à prendre ou/et à laisser...

Ce superbe trompette fait partie d'une série de trois figurines, dont deux cavaliers, sculptée par Bruno Leibovitz. Elle est sans aucun doute, la plus difficile à réaliser des trois, car, pour ceux ou celles qui ne maitrisent pas la "couleur" blanche, elle est redoutable.... Quoi qu'il en soit, et dans un cadre plus général, le principal obstacle à la réalisation d'un cavalier en 54mm est avant tout, sa monture. Je vais tenter dans ces quelques lignes de vous expliquer comment peut se monter un cheval, du socle aux rênes, en espérant que cela vous mette en quelque sorte, le pied à l'étrier.

Un peu d’outillage :
L'outillage nécessaire au montage d'une figurine est assez rudimentaire et finalement peu dispendieux ;
-un couteau de modélisme, genre X-Acto
-un porte-foret et quelques forets à métaux, si possible une mini-perceuse.
-une lime queue de rat, une sélection de papiers de verre grains 400, 600, 1000.
-deux types de colles, époxy et cyano, et un mastic à deux composants (milliput).
-de la corde à piano de 1 ou 1.5mm de diamètre.
-beaucoup de cure-dents.
Tout cela devrait largement subvenir à vos besoins. Si vous voulez agrandir votre liste perso, un site canadien, le lancier, propose un dossier très complet sur le matériel nécessaire au montage d'une figurine, entre autres choses très intéressantes.

Préparation :
Là, je vous invite immédiatement à visiter le site de Bernard Plan, l'histoire en kit, vous y trouverez un article fort bien écrit, sur la préparation et le montage d'une figurine en plomb, il comporte aussi un dossier outillage tout aussi bien fait. Pour notre trompette, la préparation des pièces constituant le kit, 18 en tout, est grandement facilitée par l'excellente qualité de la fonderie, ce qui n'en rend pas moins le travail long et fastidieux. Cela consiste je le rappelle, à gommer toute trace de moulage en grattant avec la lame d’un cutter émoussé, ce qui limitera les dégâts en cas de dérapage, puis à poncer au papier de verre 600 et 1000. Dans les creux, je ponce avec l'arrondi d'un bout de papier de verre plié en deux. Pour les endroits moins accessibles, j'utilise la lime queue de rat d'une main légère. La dernière phase de la préparation, consiste à passer la pointe d'un cure-dents dans les interstices et les creux, pour en chasser le talc accumulé lors du processus de fabrication. Un assemblage à sec, avec de la Patafix ou de la pâte à modeler permettra de contrôler le bon ajustement des pièces.

Montage du cheval :
Les deux parties constituant le cheval, s'emboîtent parfaitement. Seules, quelques disjonctions persisteront après l'assemblage. Elles sont collées avec une colle époxy à deux composants et à prise rapide. Vous aurez ainsi suffisamment de temps pour les ajuster au mieux, l'essentiel étant de trouver le meilleur compromis d'assemblage pour en faciliter la finition. Pour ma part, je privilégie un bon ajustement du dos au détriment du ventre, plus facile à corriger. Tout en maintenant le cheval entre le pouce et l'index, jambes en l'air, (pas les vôtres, celles du cheval...), faites couler quelques gouttes de cyano aux entre-jambes, du poitrail à la queue ; l'assemblage sera encore fragile, mais le positionnement définitif et vous pourrez lâcher la bête un peu plus vite. Tout sera sec au bout d'une demi-heure seulement sans qu'il soit utile d'user d'un quelconque serre-joint ou d'un ruban adhésif, délicat à mettre en place. Les imperfections et les disjonctions sont comblées au mastic puis poncées. Un trou est percé dans le creux de la selle (diam=3mm), ainsi qu'au point de fixation de la queue. La queue élément exposé s'il en est, est percée elle aussi (diam=2mm) et prolongée d'une tige de 1.5mm de diamètre environ et d'une longueur de 2 cm. Les plots situés sous les sabots, subiront le même traitement.


Le socle :
J'ai pris pour (mauvaise ?) habitude de peindre les chevaux comme les piétons directement sur le socle de présentation définitif, et ce trompette ne dérogera pas à la règle. Le socle est un "piédestal paduck" de la marque ELISENA (80x70, H50), sobre et très bien fini, il sera protégé par du ruban adhésif de peintre. Le cavalier sera placé dans la diagonale. Pour ce faire, une série de trous est percée en s'aidant du sol fourni dans la boîte. Ils devront être profonds, le plus droit possible, et d'un diamètre légèrement supérieur au diamètre des plots des sabots. Après avoir repéré leur emplacement au moyen de deux cure-dents, on modèle le sol avec du Magic-sculpt ou du Milliput en fine épaisseur. La texture du sol est simulée avec un ancien décor de figurine malheureusement accidentée, et dont le socle encore muni de son sol me sert désormais de tampon à relief. On y ajoute du sable fin et des cailloux (éléments de décors de trains miniatures) collés à la colle blanche. Des traces de sabots et de pas sont dessinées à l'aide de figurines en stock. Enfin, le passage d'attelages est simulé avec une roue de meuleuse. L'empreinte du cheval se fait dans le frais, un peu de talc sur les plots, on ôte les cure-dents (Cqfd) et on enfonce le cheval, sans faire disparaître le fer à cheval dans le mastic, sauf si vous représentez un terrain meuble. Retirez-le délicatement, et faite durcir le décor sous une lampe de 75 ou 100 w à 20 cm minimum et sous votre étroite surveillance. Une fois le mastic suffisamment durci, on colle le canasson définitivement (époxy ou cyano, dans les deux cas c'est très solide).

Le cavalier :
Deux options sont envisageables, un montage complet, trompette comprise, ou partiel, la trompette et son fanion (la flamme en fait) étant assemblés à part. Ayant choisi la première solution, je vous la déconseille fortement, car cela complique inutilement la mise en couleur. Il sera plus facile et plus intelligent, de fixer l'instrument par son pavillon, sur la pointe d'un cure-dent enduit d'une goutte de cyano. Une fois la peinture sèche, il suffira de décoller le cure-dent d'une légère rotation. Entrainez-vous dans cette optique, à monter et démonter la trompette, car une fois peinte, et pour éviter de salir le pantalon, il vous faudra être très habile. Cependant, le sabre et ses bélières seront assemblés sans hésitation et selon le même principe que les rênes de bride. L'ensemble sera mis en place sur le bonhomme en commençant par la sangle supérieure (la plus courte), suivi de la sangle inferieure. Nul besoin de prendre une quelconque mesure, le «pif » fonctionnant très bien, il suffit de présenter la sangle face à l'anneau du ceinturon, de couper au ras de celui-ci lorsque la garde du sabre est à mi-cuisse et de coller l'extrémité de la sangle susnommée. Notez que notre bélière supérieure sera tendue, donc, la plus droite possible, car elle est censée supporter la majeure partie du poids du sabre. Pour la seconde, il suffit d'en régler la longueur, en fonction du galbe de la schabraque (pièce d'étoffe en drap de laine recouvrant la selle), et de la couper au ras du revers gauche de la kurtka (veste ou habit court et cintré, d'origine polonaise je crois). Le plomb étant malléable, il sera possible d'écarter sabre et bélières du corps lors de la mise en couleur. Toutes ces opérations peuvent se faire avec le cavalier en position sur sa monture. Celui-ci aura eu son fondement percé au préalable, pour y recevoir une tige en corde à piano. Celle-ci servira aussi bien à renforcer la liaison homme/cheval, qu'à recevoir un manche de couteau de modélisme facilitant la manipulation de l'objet pendant toute la phase de peinture. Pour finir, un pot de confiture, d'abricot, rempli de sable servira de réceptacle à notre trompette de lanciers.

Les rênes : 
C'est sans aucun doute, la partie du montage la plus délicate, car elle réclame méthode et soins. Un peu de vocabulaire spécifique est nécessaire pour comprendre les lignes qui vont suivre. A cet effet, il existe dans le catalogue de pièces détachées Méta modèles un recueil de vocabulaire uniformologique très complet dans lequel est décrit entre autres choses, le harnachement à la hongroise, le tout illustré des célèbres infographies d'André Jouineau. Sinon un bon dictionnaire...

Mise en place :
Vous disposez maintenant de vos rênes, des boucles, et des mors fournis dans le kit. La position de la main, tenant les rênes, pratiquement posée sur la schabraque, vous permettra de tricher ; elle masquera le point de fixation des rênes de bride. La longe est fixée en premier. La bande de plomb, biseautée à son extrémité, sera de longueur conséquente. Elle est passée dans la boucle de sous-gorge. Deux millimètres suffiront à créer un rabat que l'on fixera, avec une goutte de cyano, posée à la pointe d'un cure-dent. Toujours avec un cure-dent, la bande de plomb est mise en forme de manière à décrire une courbe naturelle. Elle est ensuite coupée et collée en son point de fixation sur la schabraque. Les rênes de filet sont fixées de façon plus simple dans leur anneau. Après avoir déposé une goutte de colle à l'intérieur de celui-ci, apposez l'extrémité de la lanière et pressez très légèrement avec la pointe du cure-dent, le tour est joué (si la colle n'est pas trop capricieuse !). L'une des sangles remonte l'encolure, et se fixe au garrot, tandis que l'autre disparaît sous la crinière. Pour terminer de poser cette dernière, mettre en forme jusqu'au point de fixation et, en vous aidant de la sculpture de la crinière, coupez au ras d'une touffe de celle-ci. Collez en mettant une toute petite goutte de cyano. Affinez au papier de verre fin, cela donnera l'impression que la rêne disparaît sous les crins. La seconde se pose plus simplement. Il suffit qu'elle fasse le tour de l'encolure, elle disparaîtra elle aussi, en respectant l'alignement des deux lanières. Les rênes de bride seront réalisées sur le même principe que la longe. Les mors seront au préalable solidement collé à la cyano. La lanière sera passée dans l'anneau de l'intérieur vers l'extérieur puis rabattue sur 1.5 mm environ. Cette méthode permet de créer un point d'encrage relativement solide et mobile à la condition d'éviter de fixer la lanière à l'anneau de mors de bride. Point d'ancrage à partir duquel vous pourrez régler la tension, et l'arrondi des rênes. L’extrémité de celles-ci sera fixée sur la bosse de la schabraque et sera donc cachée par la main. La fixation des boucles peut maintenant être réalisée. Les boucles fournies dans le kit comportent une partie recourbée censée simuler le passage du cuir dans l'anneau. Le rabat se substituant à cette partie, elle est supprimée en coupant au ras de la boucle métallique. L'ensemble ainsi amputé, est affiné au papier de verre, en frottant la petite pièce coincée sous l'index en prenant bien garde qu'elle ne se retourne pas. Elles seront mises en place, sur la rêne, et collée à la cyano au ras du rabat.